Quand
on examine l'extérieur de l'édifice, l'attention se porte
tout d'abord sur sa façade occidentale qui, depuis la base jusqu'au
sommet, est couverte d'inscriptions. La construction de cette façade
fut commencée en 1585. Les inscriptions marquent la reprise des travaux
souvent suspendus qui se poursuivirent pendant plusieurs années avant
d'atteindre la plate-forme de la tour . La flèche qui couronne cette
tour lui est de beaucoup postérieure et, d'après Mr Bigot,
architecte diocésain, ne remonterait qu'au commencement du XVIIIème
siècle.
Les autres côtés de l'église
n'offrent rien de remarquable. La façade méridionale est précédée
d'un porche de construction relativement moderne sur lequel on lit:
1854. MARIN, Rr; GOUZIL, Maire; LE FRIANT, Trésr.
Sur la corniche de la chapelle de saint Herbot, voisine du porche, sont
gravés le milésime de 1699 et les noms de LE GALL, FA. et
de PIERRE PERENNES, FA.
Enfin le cimetière a conservé
son ancienne croix en granit dont les personnages sont abrités d'un
petit pignon à crochets.
L'intérieur de l'église
qui se compose d'un chur et d'une nef accompagnés de collatéraux,
comprend deux époques distinctes, le XIIè et le XVIè
siècles. C'est à cette dernière époque que l'on
reconstruisit toute la partie occidentale de la vieille église romande
dont il ne reste plus que le chur.
Le chur de l'église Pouldergat
peut être cité comme l'une des uvres les plus intéressantes
que l'art roman ait laissées dans cette région. Il est formé
de trois travées dont les piliers à chapiteaux garnis de feuillages
très découpés et les archivoltes en tiers point appartiennent
à la fin du XIIè siècle ou peut-être au commencement
su siècle suivant.
La nef, plus large que le chur, est séparée de ses bas-côtés
par cinq travées qui paraissent contemporaines de la façade
occidentale (XVIè siècle), à l'exception toutefois
de l'arcade située au bas de la nef du côté nord. Cette
arcade romane a été conservée de l'édifice primitif.
Aux bas-côtés de la nef
sont accolées trois chapelles latérales. L'une d'elles (au
midi) est sous l'invocation de saint Herbot; les deux autres (au Nord) sont
dédiées à saint Sébastien et aux saints Cosme
et Damien.
A droite et à gauche du chur existent également deux
chapelles. La première, celle côté droit, était
anciennement consacrée à saint Jean; la seconde avait été
placée sous le vocable de Notre-Dame. La confrérie du Rosaire
se desservait dans cette chapelle dont l'autel est accosté de deux
consoles armoriées. On reconnaît sur un des écussons
le lion chargé d'une macle des Kerguelenen. L'autre écusson
porte deux lévriers passants qui devaient être les armes du
Moguermeur dont les seigneurs avaient contribué à la reconstruction
de la chapelle en 1485.
Parmi les statues vénérées
dans cette église, on remarque celles de saint Ergat et de saint
Etienne, premier et second patron de la paroisse; un saint Mathurin qui
fut probablement donné par Charles du Bot de Lescoët, chanoine
de la cathédrale de 1487 à 1511, dont les armoiries décorent
le socle de la statue (1); un saint Yves de la même
époque qui serait, au dire des connaisseurs, une des meilleurs représentations
du saint existant dans le diocèse; enfin les statues des saints Cosme
et Damien patrons des médecins, tenant chacun une fiole de médicaments
et auxquels était consacrée la chapelle septentrionale maintenant
affectée aux fonts baptismaux.
Les Archives départementales
possèdent une bulle
datée de 1695 du pape Innocent XII accordant une indulgence plénière
à toute personne qui visiterait dévotement l'église
de Pouldergat le quatrième dimanche d'Août. Cette indulgence
paraît avoir été concédée en vue de favoriser
l'achèvement du clocher.
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C'est
dans la chapelle de saint Jean que se tenaient les assemblées paroissiales.
D'après un acte conservé
aux Archives du Finistère, les principaux habitants y furent réunis
et congréés, en 1512, à la requête d'Alain de Kerguelenen,
pour statuer sur le rétablissement des prééminences que
les ancêtres de ce seigneur avaient possédées dans la
chapelle de Notre-Dame. A cette réunion assistaient :
Mtre Guillaume Bonescat, recteur de Ploedergat;
Guillaume Cognyou, Sgr du Moguermeur; Jehan Agnès, Sr du Guilly; Jehan
Pencoet, Sgr de Keranpap; Guillaume Larour, procureur et syndic de la fabrique;
Yvon Larour, procureur de la paroisse; Guillaume Kermenec; Guillaume et Jehan
le Vaillant; Yvon Dagorn; Alain Perron; Hervé le Guen; Guillaume et
Jacob le Bescond; Hervé Coetmeur; Guillaume Elyas; Yvon le Goesbihan;
Hervé le Menchec; Yvon Mapemen; Mahé Cariou; Jehan le Gounidec;
Jacob et Yvon Labouce; Hervé le Squividan; Yvon Burel; Guillaume Perennès;
Jehan le Castrec; Guillaume Brelivet; Marc le Roy; Yvon le Riou et autres
habitants d'icelle paroisse.
En compulsant les documents assez nombreux concernant Pouldergat que nous
ont transmis le XVème et le XVIème siècles, on retrouverait
les noms de la plupart des familles qui existaient à cette époque
dans la paroisse (2). On y relève notamment les
noms suivants:
Le Griffon, Celton, le Marhec, le Béguec, le Menen (de Kervarlé-Corre),
Kersalé, Lostis, Landugen, Maillot (de Botgraguez), Quideau (du Guilly),
Kerhascoet et Floch ( de Moustergoat (3)), le Bourhys,
Tanguy, Joncour, Pensec, le Moign, Kernilis, le Mancel, le Corre, Gourlouan,
le Fur, Nicolas, le Bihan, Nédélec, le Hénaff, Louboutin,
le Bras, etc.
Malgré l'irrésistible courant
qui, depuis quelques années, dépeuple nos campagnes en entraînant
vers les villes leurs habitants, la majeure partie des noms qui viennent d'être
cités paraît s'être perpétuée dans Pouldergat.
Cette commune possède encore un certain nombre d'anciennes familles
qui sont restées attachées au sol que cultivaient leurs pères
par des racines aussi profondes que celles des vieux chênes qui abritent
leurs villages.
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(1) " d'argent à deux
haches d'armes adossées de sable soutenues d'un croissant de gueules et accompagnées
de trois coquilles de même "
(2) Pouldergat devait
comprendre indépendamment du bourg et de Pouldavid, environ 80 villages,
divisés presque tous en plusieurs exploitations et dont le plus important,
Lanriec, comptait six tenues.
(3)Aujourd'hui Moustoulgoat.
Ce village paraît devoir son nom à l'un de ces monastères formés de logettes
en bois où s'établirent les premiers moines venus d'outre-mer.
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