|
||
Les
seigneurs de ce nom étaient issus en ramage de la maison du Juch dont
ils portaient les armes d'azur au lion d'argent brisées d'une macle
d'or. Leur manoir relevait de Coetmorvan. Ce fut à Loys de Cornouaille,
seigneur de ce fief, que Jehan de Kerguélénen, chevalier, présenta
en 1467 son minu pour le rachat des biens qu'il avait hérités
de son père, Yvon de Kerguélénen, décédé
l'année précédente. Ce minu mentionne " le manoir
de Kerguélénen avec ses moulins, bois et colombier, un vieil
emplacement d'étage au levant du manoir appelé Saint Connec,
la métairie de Penkaer, les villages de Ty an cahérec et de Goelet
an Kaer, enfin deux tènements, l'un à Keroueret, l'autre habité
par Hervé le Griffon, au bourg paroissial. " La seigneurie de Kerguélénen avait haute justice et patibulaire sur la montagne située au nord de Goelet an Kaer . Jehan de Kerguélénen, décédé en 1483, avait eu de Béatrice du Hirgars deux fils dont de cadet fut chanoine de Quimper (1489-1509). L'aîné, Jehan de Kerguélénen, marié en 1474 à Marie Tuonmelin, fille d'alain Tuonmelin, sgr de Botpodern, mourut en 1497, laissant plusieurs enfants. Alain de Kerguélénen qui lui succéda, vécut jusqu'en 1547. C'est à lui que le vicomte de Rohan, voyant les Anglais et les Espagnols menacer les côtes de Cornouaille, avait donné mission, en 1543, d'avoir l'il sur les navires destinés à la course à Douarnenez et dans les hâvres voisins et de ne les autoriser à se mettre en mer que s'ils étaient convenablement armés (2). Alain de Kerguélénen avait été marié deux fois. De sa première union (1503) avec Marie Liziard de Trohanet étaient nées deux filles dont l'aînée, Jehanne, épousa vers 1521, Jehan de Pen guilly (3). Sa seconde femme, Françoise de Kerouant, lui donna cinq filles et deux fils, Rolland et Jean. L'aîné, Rolland de Kerguélénen, ne survécut à son père qu'une dizaine d'années. Il laissa de son mariage avec Jacquette de Coetanscours un fils nommé Jehan que devait s'éteindre sans alliance, à la fin de l'année 1561 et dont la succession donna lieu à un procès. Le frère cadet de Rolland, Jean de Kerguélénen, était prêtre et chanoine. Après avoir embrassé le protestantisme, il se maria à Marie de Kerasquer, veuve d'Alain du Fou, seigneur de Logan et en eut une fille nommée Marie. En mourant, il confiât la tutelle de sa fille à Claude de Névet qui voulut revendiquer pour sa pupille l'héritage du dernier Kerguélénen auquel prétendaient également les seigneurs de Penguilly comme représentant leur mère, Jehanne de Kerguélénen, sur aînée de l'ex-chanoine. Un procès s'en suivit "mais la Cour du parlement, toujours équitable en ses jugements, n'autorisa pas le mariage de ce libertin et, déclarant sa fille illégitime, adjugea la succession au seigneur de Penguilly (4). " Le chef de cette maison, Henry de Penguilly, étant mort en 1558 sans postérité, sa sur Marie de Penguilly, femme de Jean de Kersaudy, avait succédé à ses vastes possessions. Décédée elle-même quelques années près, la dame de Kersaudy transmit les terres de Kerguélénen, Penguilly et Trohanet à son fils aîné, Alain de Kersaudy, qui mourut sans laisser d'enfant de son mariage avec Françoise de Ploeuc et auquel succéda son frère puîné, Pierre de Kersaudy. Alain de Kersaudy avait pris part au siège du château de Pont-l'Abbé que les ligueurs enlevèrent aux huguenots en 1590. Le chanoine Moreau qui nous a laissé le récit de ce siège, mentionne également dans ses Mémoires (5) un autre épisode des guerres de la ligue survenu quelques années plus tard, non loin de Kerguélénen. En 1596, le capitaine le Clou, avec un détachement de la garnison de Quimper, s'était retiré au manoir de Kerguélénen, sous prétexte de surveiller la Fontenelle ; mais le bruit courait qu'il avait avec ce dernier de fréquentes entrevues. Fortement soupçonné de trahison, le capitaine le Clou, pour se disculper, promit de s'emparer de la Fontenelle ; il réussit en effet à l'attirer dans un guet-apens (6) et l'amena prisonnier à Quimper. Pierre de Kersaudy qui était devenu, à la mort de son aîné, seigneur de Kerguélénen, épousa Anne de Ploeuc du Tymeur nièce de sa belle-sur Françoise de Ploeuc. Il mourut en 1621 après avoir, l'année précédente, marié sa fille unique, Mauricette de Kersaudy, à Christophe Fouquet, seigneur de Chalain. ~ ~
La
terre de Kerguélénen, sortie depuis quelques années de
la maison de Chalain, fut revendue, vers 1643, par écuyer Jean du Mur
à Yves de Quélen, sieur de la Crecholain, conseiller du roi en
la sénéchaussée de Concarneau et à Marie de Jegado,
son épouse. Guénolé de Quélen, fils des acquéreurs,
leur ayant succédé en 1659, fit rebâtir le manoir dont
il ne reste que l'aile occidentale sur laquelle on voit les armes accolées
de Quélen et des Kerloaguen. Après son décès arrivé
en 1679, sa veuve Roberte de Kerloaguen, fournit aveu à la seigneurie
de Coetmorvan pour le château de Kerguélénen, son grand
corps de logis et ses écuries, la longère à l'occident
de la cour et le deux pavillons au midi, le jardin cerné de hauts murs,
le colombier, les bois taillis et de haute futaie et pour plusieurs domaines
relevant du même fief (7). Cet aveu ne fait pas
mention de la chapelle dédiée à saint Christophe, qui
ne devait pas encore être rebâtie.Le fils aîné de Guénolé, Vincent-Louis de Quélen, décédé sans postérité en 1715, eut pour héritier son frère puîné Alain-Maurice de Quélen, officier d'infanterie. Marié d'abord à Louise-Catherine de Kersulguen(1715), et en secondes noces à Vincente-Renée de Kervenozael (1734), Alain-Maurice de Quélen mourut en 1739, sans laisser d'enfant. Sa succession fut recueillie collatéralement par Olivier-Robert du Couëdic, sieur de Kergoualer, dont l'aïeule paternelle était la sur de Guénolé de Quélen. Du mariage d'Olivier-Robert du Couëdic avec Marguerite Ansquer naquit à Kerguélenen, le 17 juin 1740, Charles-Louis du Couëdic qui devait s'immortaliser comme commandant de la Surveillante par la victoire qu'il remporta, après quatorze heures de combat, sur la frégate anglaise le Québec. Du Couëdic, blessé à mort, fut ramené à Brest où il succomba trois mois plus tard(1780). Dans les dernières années du XVIIIème siècle, le manoir de Kerguélenen devint la propriété de Mr Calloc'h de Kerilis qui fut sous l'Empire maire de Quimper et dont le fils, Aimé de Kerilis, épousa en 1807 la fille du baron de Miollis, préfet du Finistère. Des quatre fils issus de cette union (8), ce fut le plus jeune, Félix de Kerilis, qui eut en partage Kerguélenen où il est décédé en 1905. |
||
(1) Kerguélénen tenait en Pouldergat, sous le proche fief du Duc, une partie du bourg ainsi que plusieurs convenants. (2) D.Morice, T. III, Preuves, col. 1049. (3) De ce mariage : Henry marié à Claude de Tyvarlen et mort sans enfants ; Jehanne, femme de Raoul de Trémillec dont le fils unique mourut jeune ; et Marie qui épousa Jehan de Kersaudy. (4) Archives du Finistère, E 837, généalogie ms. de la maison de Kerguélénen par Autret de Missirien. (5) Edition de 1857, p 63 et suiv., p. 336 et suiv. (6) Suivant la tradition, c'est auprès de Botcarn, sur la voie reliant ce camp à Pouldavid, que le bandit aurait été capturé. (7) Entre autres, le convenant de Ruberdiry au bourg, qui chaque année, devait au receveur de Coetmorvan un repas composé de " chair salée, un chapon, une piecze de mouton, pain de froment pour deux hommes et d'une quarte de vin. " (8) L'un d'eux, Alfred de Kerilis, auteur du roman historique La Fontenelle ou le dernier Ligueur, mourut avant 1840. |
||
Propriétaires 1255 Derrien de Kerkelennen
|