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C'est à Pouldavid, si l'on en croit la légende, que fut noyée Dahut, fille du roi Gradlon. La mère venait d'envahir la ville d'Is. Réveillé en sursaut Gradlon s'élance sur un cheval, prend sa fille avec lui et, à pointe d'éperon, se sauve de la ville. Mais les vagues déchaînées le poursuivent et vont l'engloutir. "Gradlon ! Crie alors une voie terrible, si tu ne veux périr, sépare-toi du démon que tu portes en croupe !" Le roi a reconnu la voix de Gwennolé, c'est-à-dire celle de Dieu ; il abandonne sa fille à l'océan, et, content de cette proie, l'océan s'arrête (1). Près de du lieu où dahut avait trouvé la mort, se groupèrent quelques cabanes de pêcheurs et se forma une bourgade connue depuis sous le nom de Pouldavid, en breton Pouldahut. Cette bourgade dépendait originairement du domaine ducal. Un duc de Bretagne, en mariant sa fille au baron de la Roche-Bernard, lui donna Pouldavid qu'une alliance entre les maisons de la Roche-Bernard et de Nevet fait porta, au XIIIe, siècle dans cette dernière. Devenus possesseurs de Pouldavid, les seigneurs de Nevet y établir le siège de leur juridiction. Parmi les droits attachés à ce fief, on pourrait citer : celui d'ancrage sur les barque et navires qui mouillaient dans les rivières de Pouldavid et de Poullan, ainsi que dans les hâvres de Porz-Ru et de Tréboul ; le droit de lods et ventes sur les bateaux qui s’y construisaient ; le droit de prélever sur les barques montées par quatre hommes le cinquième des poissons autres que les sardines dont la pêche était libre. Enfin, lorsqu’ils prenaient des turbots, les pêcheurs étaient tenus de déposer le plus grand au moulin de Pouldavid où ils recevaient une galonée de vin et pour deux sols de pain et en outre d’offrir moyennant paiement le surplus de leur pêche. (Aveu de 1682, Arch. dép. E 460bis) En 1502, le roi Louis XII avait accordé par lettres-patentes à Jehan de Névet l’autorisation d’établir à Pouldavid un marché chaque vendredi et deux foires par an, le 3 et le 26 mars. Ces foires dont le nombre fut ensuite porté à six, attirèrent une telle affluence de cultivateurs qu’il devint nécessaire d’ouvrir un nouveau champ de foire sur les dépendances du village de Kerrem (2). Avec le XVIe siècle devait malheureusement se terminer l’ère de prospérité dont jouissait depuis de longues années Pouldavid, devenu un centre commercial et maritime d’une certaine importance. En 1595, la Fontenelle s’abattait sur cette paisible agglomération de pêcheurs et de marchands qu’il mettait à sac et détruisait ensuite de fond en comble. Voici en quels termes le baron de Nevet, dans un aveu rendu à l’Evêque en 1644, relate ce désastre : "La ville de Pouldavid, dépendance de la terre de Nevet, est côtoyée d’une rivière qui porte son nom, qui a flux et reflux, port et hâvre distant seulement de la mer de trois portée de mousquet…Le nommé Fontenelle, ennemi capital de la maison de Névet, s’étant emparé du fort de l’Ile-Tristan, pilla toute la ville de Pouldavid, en exila les habitants et la démolit entièrement jusqu’aux halles, moulin, prison, et patibulaires (3), et même jusqu’au quai et hâvre dont tous les matériaux furent emportés audit fort ; ce qui resta le fit brûler et n’y laissa que des vestiges." Seule, au milieu de tant de décombres, la chapelle saint Jacques était encore debout. La ville de Pouldavid ne devait pas de sitôt se relever de ses ruines. Cependant, au XVIIe siècles, les sires de Névet rebâtirent leur moulin ainsi que le four à ban, la prison et la halle audessus de laquelle se trouvait l’auditoire. A la même époque furent construites plusieurs maisons d’assez belle apparence, avec façades et lucarnes en pierre de taille dont on peut voir un des spécimens sur le bord de la route qui passe au pied de l’église. Comme la plupart des anciens havres de bretons, celui de Pouldavid s’était constitué à l’extrème limite que la marée peut atteindre. Pendant toute la durée du moyen-âge jusqu’à la fin du XVe siècle, son importance avait été plus considérable que celle de Douarnenez (4) mais depuis les ravages exercés dans cette région par la Fontenelle, Pouldavid ne fut plus qu’une annexe de celui de Douarnenez. Il ne comprend qu’un terre-plein de quelques mètres de longueur, accoté à la route nationale de Nantes à Audierne, et défendu du côté du port par un parement en maçonnerie. Un escalier permet de descendre à la grève. Cet ouvrage est absolument insuffisant pour les besoins de la population maritime. (Annuaire du Finistère, 1912, P. 249) (1) Pitre Chevalier, La Bretagne ancienne, p. 88. S’inspirant de cette légende, Mr de Laminais a peint le beau tableau que possède le musée de Quimper. (2) Ce village figure sous le nom de Cherren dans une charte du Xie siècle, parmi les biens donnés par Alain Canhiart au monastère de Locmaria qui l’a possédé jusqu’à la Révolution. La famille Le Bars qui s’est fondue dans Le Joncour, a longtemps habité Kerrem où naquit M. Gabriel Le Bars, ancien recteure de Tréguennec, mort en 1864 (3) Et probablement aussi l’hopital, bien que l’aveu n’en fasse pas mention. (4) L’inventaire des Arch. Dep par MM Lemoine et de la Rogerie (P.224) mentionne de nombreux chargements de sardines, de toile et de beurre expédiés à Nantes (1575-1583) par Pierre Le Baud, ainsi que le transport en 1556 dans cette même ville de 67 milliers de sardines, 50 lieus et d’autres poissons par " La Marye de Poldavy ",commandée par Yvon Bodigou. |