VIVRE A POULDERGAT

E

glise paroissiale

Architecture

L'église paroissiale de Pouldergat est dédiée à un saint breton, Ergat (ou plutôt Tergat). Le préfixe Poul- est à l'origine Plou- (du latin plebem), c'est-à-dire paroisse, ce qui fait remonter l'origine de celle-ci à l'époque de l'arrivée des émigrants bretons, entre le Vème et le Vllème siècle.

Les trois éléments les plus intéressants restent le clocher, la nef et le chœur.

Quand on examine l'extérieur de l'édifice, l'attention se porte tout d'abord sur sa façade occidentale qui, depuis la base jusqu'au sommet, est couverte d'inscriptions. La construction de cette façade fut commencée en 1585. Les inscriptions marquent la reprise des travaux souvent suspendus qui se poursuivirent pendant plusieurs années avant d'atteindre la plate-forme de la tour . La flèche qui couronne cette tour lui est de beaucoup postérieure et, d'après Mr Bigot, architecte diocésain, ne remonterait qu'au commencement du XVIIIème siècle.



Clocher sur le pignon ouest

L'édifice actuel - très complexe dans sa structure et dans son histoire - remonte en partie aux XIème-XIIème siècles : la nef comporte des piliers et un arc romans. Avec son architecture du XIVème siècle, le chœur présente toutes les caractéristiques de l'école de Pont-Croix ; le fenestrage du chevet plat est du XVème siècle ; le clocher sur le pignon occidental, quant à lui, a été construit à la fin du XVIème siècle : la façade comporte dix inscriptions permettant de suivre les travaux de 1582 à 1589 ; la tour, datée de 1595, de type cornouaillais sans galerie et à laquelle est accolée une tour d'escalier cylindrique du côté nord, porte une chambre des cloches et une flèche qui semblent du XVIIème siècle ; une inscription rappelle que la chapelle sud a été édifiée en 1699 ; la sacristie à étage et cheminée, au sud du chœur, paraÎt remonter au XVIIIème siècle.

 


Vue du côté Sud

La façade méridionale est précédée d'un porche de construction relativement moderne sur lequel on lit: 1854. MARIN, Rr; GOUZIL, Maire; LE FRIANT, Trésr. Sur la corniche de la chapelle de saint Herbot, voisine du porche, sont gravés le milésime de 1699 et les noms de LE GALL, FA. et de PIERRE PERENNES, FA.

Ces nombreuses campagnes de construction expliquent la complexité de structure de l'édifice, qui a été remanié dans son ensemble au milieu du XIXème siècle, comme le montrent la chapelle des fonts baptismaux, au nord, qui porte la date de 1850, et le porche sud, qui a été démonté et restauré en 1854. Le problème essentiel consistait à rattraper la différence de largeur entre la nef et le chœur : les chapelles construites entre les deux forment un faux transept qui n'est pas du plus heureux effet architectural.

 


Porche sud

L'intérieur de l'église qui se compose d'un chœur et d'une nef accompagnés de collatéraux, comprend deux époques distinctes, le XIIème et le XVIème siècles. C'est à cette dernière époque que l'on reconstruisit toute la partie occidentale de la vieille église romande dont il ne reste plus que le chœur.

Le chœur de l'église Pouldergat peut être cité comme l'une des œuvres les plus intéressantes que l'art roman ait laissées dans cette région. Il est formé de trois travées dont les piliers à chapiteaux garnis de feuillages très découpés et les archivoltes en tiers point appartiennent à la fin du XIIème siècle ou peut-être au commencement du siècle suivant.

La nef, plus large que le chœur, est séparée de ses bas-côtés par cinq travées qui paraissent contemporaines de la façade occidentale (XVIème siècle), à l'exception toutefois de l'arcade située au bas de la nef du côté nord. Cette arcade romane a été conservée de l'édifice primitif.

Aux bas-côtés de la nef sont accolées trois chapelles latérales. L'une d'elles (au midi) est sous l'invocation de saint Herbot; les deux autres (au Nord) sont dédiées à saint Sébastien et aux saints Cosme et Damien. A droite et à gauche du chœur existent également deux chapelles. La première, celle côté droit, était anciennement consacrée à saint Jean; la seconde avait été placée sous le vocable de Notre-Dame. La confrérie du Rosaire se desservait dans cette chapelle dont l'autel est accosté de deux consoles armoriées. On reconnaît sur un des écussons le lion chargé d'une macle des Kerguelenen. L'autre écusson porte deux lévriers passants qui devaient être les armes du Moguermeur dont les seigneurs avaient contribué à la reconstruction de la chapelle en 1485.


Blason Kerguelenen


Blason Moguermeur

Le mobilier est aussi hétéroclite que l'édifice. De l'abondante statuaire allant du XVIème au XIXème saint-sulpicien, on retiendra un saint Yves en pierre (classé monument historique), un Christ en croix, les statues en bois polychrome de saint Ergat, de la Vierge à l'Enfant, de saint Pierre, de saint Sébastien, de saint Mathurin, de sainte Catherine d'Alexandrie, de saint Herbot, etc. Une restauration artisanale récente a maladroitement "ripoliné" la plupart de ces statues. De la chaire à prêcher du XVIIIe s., il ne reste que quatre panneaux sculptés réutilisés dans l'autel face au peuple. Deux vasques polygonales, en granit sculpté, servent de bénitiers (XVIIème siècle ?). Les vitraux sont tous du XIXème siècle et proviennent des ateliers d'Antoine Lusson (Paris, 1863) et d'E. Lepêtre (Rouen, 1894). Les deux cloches portent les dates de 1811 et 1961 (refonte d'une cloche de 1786). Un trésor d'orfèvrerie, comportant cinq pièces des XVIème et XVIllème siècles, n'est pas visible.


Vitrail au fond de l'abside

Au fond de l'église une pierre sculptée du XIème- XIIème siècles représente un couple de danseurs. Cette pierre a été découverte lors des travaux de réfection du clocher. Le dessin ci-contre a été réalisé par l'architecte Rémi Le Berre qui a suivi ces travaux de réfection (2000-2002).

Photo de la pierre

Dessin de Rémy Le Berre, architecte de la réfection du clocher (2000-2002)

Statue de St Yves, sculptée au XVIème siècle.C'est une statue polychrome en pierre (ce qui est rare). Elle fut classée en 1925.

Les glyphes

Ce sont des marques de fabrique gravées par l'artisan qui a travaillé sur l'architecture. Ci-dessous deux glyphes sur le pignon ouest de l'église. La seconde est une inscription gravée plusieurs fois sous la voûte du porche.


Démontage et remontage du clocher en 2000

En l'an 2000, la Sauvegarde de l'Art français a versé une aide de 10 671 € pour le démontage et le remontage du clocher qui menaçait de s'écrouler. Depuis déjà plusieurs années il penchait de plus en plus du côté de la rue principale qui traverse le bourg. Devant la dangerosité qu'il représentait la municipalité a décidé de fermer l'église aux fidèles puis de procéder aux travaux nécessaires. Une entreprise spécialisée a démonté le clocher pierre par pierre (chacune fut numérotée). Stockées dans un endroit sûre, elles retrouvèrent ensuite chacune leur place. Le coq qui dominait le clocher fut remplacé. L'ancien peut être vu à la mairie de la commune. On y voit un trou occasionné par une balle (sans doute vestige de la guerre 39-40).



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